Giacomo Nanni - Tout est vrai
Dédicace samedi 29 mai à partir de 15h
Exposition du 11 mai au 3 juillet 2021
Tout est vrai, le roman en images de Giacomo Nanni publié ces jours par Ici-Même, est un tour de force artistique et narratif. Fluide, palpitant, séduisant, ce récit à plusieurs voix promène son lecteur depuis le studio hollywoodien où Alfred Hitchcock tourne Les oiseaux en 1962 jusqu’au parc des Buttes-Chaumont – là où, sous l’œil aigu d’une noire corneille, des djihadistes préparent les attentats de janvier 2015. Familier des défis, Nanni a choisi ici une technique graphique sans équivalent : couleur primaire par couleur primaire, il trace à la main des trames sur des transparents qu’il superpose. Cette quadrichromie patiente d’enlumineur s’inspire autant de la gravure sur bois des anciennes estampes japonaises que de Photoshop, l’un des outils majeurs de l’artiste. À partir du 9 avril, la Galerie Martel sera heureuse de vous présenter les originaux exceptionnels de Tout est vrai.
En janvier 2020 à Angoulême, Acte de Dieu vaut à Giacomo Nanni le prix de l’Audace, saluant son travail hors-norme et hors-pair. Outre aux humains, la narration d’Acte de Dieu est confiée aux animaux et aux choses – chevreuil, crustacé d’eau douce, carabine, lunette de tir, montagne, séisme. Le graphisme ? Il est en phase et à la hauteur. L’essentiel de chaque planche – si planche il y a, puisque le livre est réalisé sur ordinateur – se compose de trames Photoshop. Des couches superposées qui permettent à Nanni d’ajuster ses nuances et sa lumière en jouant sur les couleurs primaires, et de régler ses effets de matière. « Acte de Dieu était l’œuvre la plus aboutie que Giacomo ait réalisée », note Bérengère Orieux, son éditrice française. Elle tient la barre d’Ici-Même et suit le travail de l’artiste depuis deux décennies. « Avec Tout est vrai, son dernier opus, il hausse la barre d’un cran en conservant toute sa radicalité. »
En effet. Si les axes artistiques et narratifs qui font la réussite d’Acte de Dieu y restent en place, la réalisation de Tout est vrai quitte le virtuel pour le manuel. Support ? Des transparents A4 – du type destiné aux rétroprojecteurs – que l’artiste peint et superpose. « Je fais migrer dans le concret une technique informatique que je connais bien », dit Nanni. Ici, le process commence par un crayonné précis du sujet. Ses parties noires sont reportées à l’encre ou au feutre sur un premier transparent. Et là vient la magie : Nanni couvre trois autres transparents d’encres rouge, jaune et bleue – les couleurs primaires de l’impression en quadrichromie. Sur ces à-plats colorés, à l’aide d’un stylet de bois, il ménage des vides et des hachures, comme sur une carte à gratter. La superposition précise des couches produira un effet de trames colorées d’une richesse et d’une étrangeté inégalées. « C’est une recherche très intuitive, exigeant d’avoir clairement en tête le résultat visé. Selon la lumière et l’atmosphère voulues, je privilégie l’une des trois couleurs primaires. Je me trompe ? Je recommence. »
Avant le premier crayonné, il y a une photo. Cliché de plateau, comme ce corbeau allumant la cigarette de Tippi Hedren sur le tournage des Oiseaux. Vues tirées de Googlemaps, comme ces contre-plongées écrasantes des arbres et des immeubles des Buttes-Chaumont. Photos personnelles de documentation. Autant de fragments de réalité qui se retrouvent, transfigurés mais exacts, à chaque page de Tout est vrai. Regardez de très près l’une de ces images : vous vous perdrez dans l’abstraction. À distance de regard courant, elle reprendra sa qualité naturaliste. Pas étonnant que Chuck Close, le magicien de l’hyperréalisme américain, soit porté si haut par Nanni. Autre clé de cette réussite, l’épure graphique. Elle force la dimension dramatique. Ainsi, tous les protagonistes humains – fillette, flics, joggers, djihadistes – sont figurés en silhouette noire : « Comme l’ombre chinoise ou le fort contre-jour, la silhouette est évidente. Immédiate. Une vraie synthèse du langage, qui concentre mieux le réel que toute autre représentation. » Le plumage noir des corneilles, vectrices de l’intrigue et quasi premiers rôles, obéit naturellement à cette loi. Le lettrage, typo ou quasi-manuscrit, suit des règles précises. Comme le choix du temps des verbes. Comme la segmentation du récit en parties. « Le lecteur n’a pas à être conscient de tout ça », dit Nanni. « Mais ces éléments m’ont permis de structurer mon histoire. De réaliser un livre harmonieux. »
Nanni est un fou de documentation, un mordu des archives du Monde, un vieux routier de la recherche en ligne. Il capture dans le réel des éléments cliniques qui, intégrés au récit, perdront leur froideur pour catalyser une intense émotion. Défaillance électronique déclenchant l’incendie d’une voiture de métro. Principe d’un piège à corneilles. Mise à la torture – figurant en texte seul – d’un Algérien suspecté d’appartenir au FLN. Éthologie, sciences cognitives, voire législation des parcs et jardins : au delà des transparents colorés, Nanni a le talent du collage, visuel ou textuel. Il possède l’art de l’étincelle que font jaillir ces rencontres. Pas plus que pour Chuck Close, l’admiration qu’il porte à Max Ernst ou à Raymond Queneau n’est fortuite. Plus fort, ce que dessine discrètement ce livre puissant et fascinant, c’est une conscience. Un humanisme exempt de sensiblerie, porté par une corneille planant au dessus des Buttes-Chaumont. Tout est vrai. Et tout est dit.
François Landon
Photos
©Isabelle Lemercier
Revue de presse
Oeuvres en vente

Giacomo Nanni
GNAN23-110

Giacomo Nanni
GNAN23-109

Giacomo Nanni
GNAN23-108

Giacomo Nanni
GNAN23-107

Giacomo Nanni
GNAN23-106

Giacomo Nanni
GNAN23-105

Giacomo Nanni
GNAN23-104

Giacomo Nanni
GNAN23-103

Giacomo Nanni
GNAN23-102

Giacomo Nanni
GNAN23-101

Giacomo Nanni
GNAN23-100

Giacomo Nanni
GNAN23-099

Giacomo Nanni
GNAN23-098

Giacomo Nanni
GNAN23-097

Giacomo Nanni
GNAN23-096

Giacomo Nanni
GNAN23-095

Giacomo Nanni
GNAN23-094

Giacomo Nanni
GNAN23-093

Giacomo Nanni
GNAN23-092

Giacomo Nanni
GNAN23-091

Giacomo Nanni
GNAN23-087

Giacomo Nanni
GNAN23-086

Giacomo Nanni
GNAN23-084

Giacomo Nanni
GNAN23-080

Giacomo Nanni
GNAN23-079

Giacomo Nanni
GNAN23-078

Giacomo Nanni
GNAN23-077

Giacomo Nanni
GNAN23-075

Giacomo Nanni
GNAN23-074

Giacomo Nanni
GNAN23-073

Giacomo Nanni
GNAN23-072

Giacomo Nanni
GNAN23-061

Giacomo Nanni
GNAN23-059

Giacomo Nanni
GNAN23-058

Giacomo Nanni
GNAN23-056

Giacomo Nanni
GNAN23-052

Giacomo Nanni
GNAN23-050

Giacomo Nanni
GNAN23-046

Giacomo Nanni
GNAN23-045

Giacomo Nanni
GNAN23-044

Giacomo Nanni
GNAN23-043

Giacomo Nanni
GNAN23-042

Giacomo Nanni
GNAN23-041

Giacomo Nanni
GNAN23-040

Giacomo Nanni
GNAN23-039

Giacomo Nanni
GNAN23-038

Giacomo Nanni
GNAN23-037

Giacomo Nanni
GNAN23-036

Giacomo Nanni
GNAN23-035

Giacomo Nanni
GNAN23-034

Giacomo Nanni
GNAN23-032

Giacomo Nanni
GNAN23-031

Giacomo Nanni
GNAN23-028

Giacomo Nanni
GNAN23-027

Giacomo Nanni
GNAN23-025

Giacomo Nanni
GNAN23-024

Giacomo Nanni
GNAN23-023

Giacomo Nanni
GNAN23-022

Giacomo Nanni
GNAN23-021

Giacomo Nanni
GNAN23-020

Giacomo Nanni
GNAN23-018

Giacomo Nanni
GNAN23-017

Giacomo Nanni
GNAN23-016

Giacomo Nanni
GNAN23-015

Giacomo Nanni
GNAN23-011

Giacomo Nanni
GNAN23-010

Giacomo Nanni
GNAN23-009

Giacomo Nanni
GNAN23-008

Giacomo Nanni
GNAN23-005

Giacomo Nanni
GNAN23-004

Giacomo Nanni
GNAN23-003

Giacomo Nanni
GNAN23-001

Giacomo Nanni
GNAN21-006

Giacomo Nanni
GNAN21-007

Giacomo Nanni
GNAN21-008

Giacomo Nanni
GNAN21-010

Giacomo Nanni
GNAN21-013

Giacomo Nanni
GNAN21-018

Giacomo Nanni
GNAN21-020

Giacomo Nanni
GNAN21-023

Giacomo Nanni
GNAN21-026

Giacomo Nanni
GNAN21-028

Giacomo Nanni
GNAN21-029

Giacomo Nanni
GNAN21-031

Giacomo Nanni
GNAN21-032

Giacomo Nanni
GNAN21-035

Giacomo Nanni
GNAN21-037

Giacomo Nanni
GNAN21-039

Giacomo Nanni
GNAN21-042

Giacomo Nanni
GNAN21-045

Giacomo Nanni
GNAN21-046

Giacomo Nanni
GNAN21-049

Giacomo Nanni
GNAN21-052

Giacomo Nanni
GNAN21-057

Giacomo Nanni
GNAN21-058

Giacomo Nanni
GNAN21-063

Giacomo Nanni
GNAN21-064

Giacomo Nanni
GNAN21-069

Giacomo Nanni
GNAN21-071

Giacomo Nanni
GNAN21-072

Giacomo Nanni
GNAN21-075

Giacomo Nanni
GNAN21-076

Giacomo Nanni
GNAN21-077

Giacomo Nanni
GNAN21-080

Giacomo Nanni
GNAN21-81

Giacomo Nanni
GNAN21-87

Giacomo Nanni
GNAN21-093

Giacomo Nanni
GNAN21-102

Giacomo Nanni
GNAN21-104

Giacomo Nanni
GNAN21-108

Giacomo Nanni
GNAN21-109

Giacomo Nanni
GNAN21-114

Giacomo Nanni
GNAN21-115

Giacomo Nanni
GNAN21-116

Giacomo Nanni
GNAN21-118

Giacomo Nanni
GNAN21-122

Giacomo Nanni
GNAN21-124

Giacomo Nanni
GNAN21-136

Giacomo Nanni
GNAN21-137

Giacomo Nanni
GNAN21-138

Giacomo Nanni
GNAN21-143

Giacomo Nanni
GNAN21-144

Giacomo Nanni
GNAN21-147

Giacomo Nanni
GNAN21-148

Giacomo Nanni
GNAN21-150

Giacomo Nanni
GNAN21-151

Giacomo Nanni
GNAN21-153

Giacomo Nanni
GNAN21-154

Giacomo Nanni
GNAN21-155

Giacomo Nanni
GNAN21-157

Giacomo Nanni
GNAN21-158

Giacomo Nanni
GNAN21-159

Giacomo Nanni
GNAN21-160

Giacomo Nanni
GNAN21-161

Giacomo Nanni
GNAN21-164

Giacomo Nanni
GNAN21-165

Giacomo Nanni
GNAN21-167

Giacomo Nanni
GNAN21-168

Giacomo Nanni
GNAN21-170

Giacomo Nanni
GNAN21-172

Giacomo Nanni
GNAN21-178

Giacomo Nanni
GNAN21-187

Giacomo Nanni
GNAN21-189

Giacomo Nanni
GNAN21-191

Giacomo Nanni
GNAN21-193

Giacomo Nanni
GNAN21-195

Giacomo Nanni
GNAN21-199

Giacomo Nanni
GNAN21-200

Giacomo Nanni
GNAN21-202

Giacomo Nanni
GNAN21-203

Étiqueté Giacomo Nanni