PARIS

ADRIAN TOMINE

***

Vernissage en présence de l’artiste
le jeudi 15 mai
à partir de 18h

*

Séances de dédicaces
PARIS: le vendredi 16 mai à partir de 17 heures
BRUXELLES: le samedi 17 mai à partir de 15 heures

*

Exposition
du 15 mai au 28 juin 2025

***

MARTEL PARIS | 17 rue Martel | 75010 Paris, France

 

La Galerie Martel BXL a plaisir de présenter, à compter du jeudi 15 mai 2025, la première exposition monographique de l’artiste americain Adrian Tomine.

La bande dessinée contemporaine est un territoire plus vaste que jamais, couvrant tous les champs, tous les registres, tous les styles, sans que cela ne surprenne plus personne : il aura fallu du temps, mais aussi quelques inventeurs, quelques téméraires et quelques révolutions pour instaurer tout cela. Et lorsque l’on s’intéresse plus précisément à l’expression de soi, à l’exploration de l’intime dans son intime au fil des années, alors quelques noms résonnent. Depuis 35 ans, Adrian Tomine fait partie de ceux-là.
Au mitan des années 90, le travail de celui qui n’était encore qu’un très jeune auteur nord- américain fut déterminant pour toute une génération de lecteurs et de lectrices. Un peu moins agé que ses illustres ainés de cette bande dessinée dite d’auteur, son approche délicate et sensible, son travail tout en retenue étaient certainement davantage en prise directe avec un jeune lectorat curieux, dans l’attente d’une évolution qui frémissait encore.
Adrian Tomine, l’un des deux enfants de parents nés en camps d’internement américano- japonais durant la seconde guerre mondiale, naquit en 1974 en Californie avant de suivre sa mère en Europe suite au divorce de ses parents. De retour à Golden State, il étudie la littérature à Berkeley, et n’a que 20 ans lorsque la réputée maison d’édition Drawn & Quarterly publie le premier numéro de la seconde série d’Optic Nerve, qui accueille chacun de ses récits. Précédemment, la première avait été auto-éditée : Tomine avait photocopié son premier fanzine à 16 ans, et dès les premiers numéros (tirés à quelques dizaines d’exemplaires et distribués chichement), le ton était donné. La dépiction très juste de nos sociétés malades, l’inconfort permanent imposé par les relations humaines, la difficulté de trouver sa place : le propos distillé par le cartoonist oscillait entre spleen et cynisme, amertume et vulnérabilité, et réussissait à toucher comme rarement. Et si l’autobiographie n’était pas au centre immédiat des récits, l’expression de soi est évidente (« J’ai essentiellement appris à écrire et à dessiner pour me protéger du chaos et de la solitude »).
Rapidement, son dessin est alors à l’unisson, porté par une ligne et un encrage très lisible lorgnant vers l’épure, et un travail soigné sur les cadrages, les plans, qui installe une rare et curieuse rythmique narrative. Les vides, les hésitations ne sont jamais écartés chez l’auteur, et comme dans la vraie vie, font partie de l’équation : « Il est important d’entendre comment les autres parlent, surtout comment et où les silences se situent dans les conversations ». En prenant le parti de faire de ces non-instants des ingrédients à part entière, Adrian Tomine s’inscrit au passage comme un minutieux observateur du monde qui l’entoure.

« Une fois que j’ai réalisé que ces bandes dessinées étaient en fait lues par des inconnus dans le monde entier, j’ai eu l’impression de me noyer tout en apprenant à nager ».
Marqué par des maîtres de la scène indépendante comme Jaime Hernandez (« En 1987, j’avais 13 ans et me désintéressait des super-héros que j’avais lu toute ma vie, et j’ouvre le numéro 20 de « Love & Rockets ». Vous savez, ces musiciens qui parlent de l’album qui a changé leur vie ? C’était ça. »), Harvey Pekar (il cite volontiers « American Splendor » lorsqu’il s’agit d’évoquer des lectures déterminantes) ou encore le maître du gekiga Yoshihiro Tatsumi (pour qui il contribuera aux traductions outre-Atlantique dès 2002), Tomine est un autodidacte passionné et déterminé. Sans passage en école d’art ni formation particulière, il trouve néanmoins un formidable chemin pour progresser : dans sa ville de Californie, il est le voisin de Richard Sala et de Daniel Clowes, et la fréquentation régulière de ces deux très grands auteurs sera d’une aide des plus précieuses.
Des années plus tard, démarrera progressivement une réflexion sur sa pratique et son rapport à la bande dessinée, bientôt suivie d’une évolution du traitement de ses sujets, visible également dans son dessin, jusque dans son trait. L’approche semi-autobiographique, les récits inquiets et graves, même les choix de grammaire graphique sélectionnés avec soin (de manière à ce que son travail ne puisse être associé à ces puérils petits mickeys…), tout cela s’estompe petit à petit à chaque nouvelle parution, à chaque nouveau livre collectant les histoires prépubliées dans Optic Nerve. Cette maturité qui s’installe l’éloigne de ce qui avait pu être perçu jadis comme une posture, et Tomine s’ouvre : à la légèreté, à l’humour, et plus formellement, à réenchanter son travail plastique. La couleur apparaît, tout comme les bulles de pensées ou les traits de mouvements…

Dans le même temps, le soin particulier qu’il a toujours porté aux décors, aux environnements lui permet de jouer avec l’attention du lecteur, de déplacer certains enjeux traditionnels. L’attention quant aux changements de plan, aux angles de vue, aux exigences de mise en scène : la bande dessinée ouvre cette possibilité de raconter, de bâtir des mondes à moindre frais, de construire des existences autrement plus facilement, financièrement parlant, que via le cinéma. Et les échos au langage cinématographique, très prégnants dans l’univers de Tomine, finissent naturellement par aboutir à une bascule évidente : son travail est adapté au cinéma, d’abord avec le film Les Olympiades réalisé par Jacques Audiard et co-scénarisé par Céline Sciamma et Léa Mysius en 2021, et qui est une adaptation de trois récits courts (Les intrus, éditions Cornélius). Puis avec Shortcomings de Randall Park, qui sort en 2023 et sur lequel Tomine adapte son propre travail (Loin d’être parfait, éditions Delcourt).

Depuis, Adrian Tomine apparaît régulièrement en couverture du New Yorker, ou dans les pages de Time, de Esquire ou de Rolling Stone, entre autres. Son sens de la composition, d’une efficacité saluée très régulièrement, lui permet d’imposer son regard précis et son élégant dessin bien au delà son lectorat.
Auteur essentiel de la création contemporaine reconnu pour son travail, avec plusieurs Eisner awards et diverses autres distinctions prestigieuses en poche, il vit désormais à New York, où il travaille à plusieurs projets tout en consacrant l’essentiel de son temps à sa famille.
Extrait du communiqué rédigé par Julien June Misserey

lire le communiqué de presse PDF

read the press release PDF