ALINE & ROBERT CRUMB
Parle-moi d’amour
Exposition du 4 au 12 novembre 2011
La Galerie Martel et les éditions Denoël proposent du 3 au 12 novembre inclus une exposition-vente exceptionnelle autour du livre PARLE-MOI D’AMOUR d’Aline & R. Crumb.
Après Adam et Eve, voici Aline et Bob. Après le couple maudit de la Genèse chassé du Paradis, le couple hippie des Sixties à la recherche d’un nouvel (et introuvable) Eden. Depuis leur rencontre en 1974, Robert Crumb et Aline Kominsky tiennent une sorte de journal à quatre mains consacré à leur vie amoureuse, conjugale, familiale.
En 35 ans, des comix Dirty Laundry et Self-Loathing jusqu’à leurs contributions récentes au New Yorker, ils ont ainsi produit en marge de leurs oeuvres respectives 250 planches en commun, où chacun s’attache à dessiner son propre personnage dans des aventures délibérément quotidiennes. Bien sûr, le quotidien d’un duo de Weirdos (ou Zarbis) de leur calibre n’est pas celui de M. Tout-le-Monde. Aline «The Bunch» (P’tit Lot) Kominsky et son obsédé de mari ne connaissent ni la routine ni la mélancolie, seulement la confusion, la trépidation, la paranoïa aiguë et l’extase extrême.
Que ce soit dans l’exploration du potentiel sexuel homme-femme, la découverte des joies de l’infidélité, les grandeurs et servitudes parentales, les vicissitudes de la célébrité, l’inlassable poursuite des monomanies ou la recherche de la lucidité nue, ces deux pagayeurs de l’éternité unissent leurs efforts pour nous offrir une vue imprenable sur l’intimité d’un couple qui joue en mode ragtime tous ses accords et désaccords. Par-delà la comédie, le résultat est un reportage époustouflant de réalisme sur la vie de deux Inséparables, un couple-témoin qui avale tous les pièges qui jalonnent le parcours du combattant conjugal.
De l’excès délirant des ébats initiaux aux premiers coups de canifs dans le contrat, de la naissance de la très espérée Sophie au déménagement pour une France médiévale, des mondanités du Festival de Cannes au grand chantier de ravalement esthétique d’Aline, tout est relaté au geste près, verbatim. Si l’influence du style magistral de Crumb se fait sentir chez Aline, l’inverse est aussi vrai, comme vont le découvrir ceux qui sont moins familiers avec l’oeuvre de cette Frida Kahlo des Comix qu’avec celle du Maître.
L’énergie de son trait, sa liberté de ton, son culot de fille de Brooklyn, couplés à la rigueur et la culpabilité Wasp de Robert, font merveille. Une oeuvre fusionnelle, née d’un amour qui ne l’est pas moins, résumée dans cette simple formule: JUIF + GOY = JOY !
Un livre-événement, un monument d’autofiction, un loup blanc de la BD. Une Bible amoureuse que doivent lire tous ceux qui ont un jour tenté l’incroyable expérience de la vie avec l’Autre.
Jean-Luc Fromental