Anke Feuchtenberger

Du 14 juin au 14 septembre 2013

A propos

Le talent d’Anke Feuchtenberger est aussi exceptionnel que son itinéraire : née Berlinoise de l’est, elle n’a découvert la bande dessinée qu’à 26 ans, après la chute du Mur. Dessins uniques ou récits graphiques, c’est pour mieux saisir le réel que ses œuvres plongent tour à tour dans le cauchemar et le rêve.
Anke nait en 1963 à Berlin-est. Le Mur a deux ans. Jeune, elle découvre Rodolphe Töpffer, l’estampe japonaise, la Renaissance italienne. Plus tard, aux Beaux-arts – aussi rigides qu’académiques – elle succombe à Giacometti : « Son sens de l’espace m’obsédait. Je voulais dessiner comme lui… Ah ah ah. » Elle cherche à se lancer mais l’art officiel dépend du régime, et l’underground, ambivalent, complexe, mêle de nombreux intérêts politiques. En 1988, elle crée le collectif avant-gardiste Glühende Zukunft (Avenir radieux) avec trois artistes masculins. L’un d’eux, Henning Wagenbreth, jouera un rôle majeur dans sa découverte du graphisme politique, des expositions, des actions, des comics.
« Dans ce pays en pleine métamorphose, j’ai cherché de nouveaux modes de récit dessiné. Je suis tombée sur Loustal, Mark Beyer, Mattotti. Ils m’ont ouvert les yeux. » Elle a 26 ans. Pour que le quotidien n’affecte pas sa création, elle vivra de petits boulot jusqu’en 1997. On lui propose alors un poste universitaire à Hambourg. Quatre ans plus tôt, elle a publié son premier livre, remarqué par de jeunes éditeurs, tel Jochen Enterprises qui éditera son travail jusqu’en 2001 – ou Reprodukt, chez qui sortira la même année l’extraordinaire « Das Haus ».
Anke Feuchtenberger affirme que chacun de ses ouvrages porte une valeur autobiographique… point. « Die Hure H », (La putain P), sur des textes de Katrin de Vries, est l’un des pivots de son œuvre. Lorsqu’elle ne se reconnaîtra plus dans son personnage, Anke l’abandonnera. Mais le corps, féminin, masculin, animal, reste un point d’appui de ses mondes. Les mutilations muettes de sa Petite sirène sont déchirantes. Dans « wehwehwehsuperträne.de » (wwwsuperlarmes.de), une Berlinoise de l’est survole en sanglotant l’architecture sinistre de la Karl Marx Allee. « Si seulement j’avais su ça plus tôt », dit sa bulle. Le livre se compose d’une suite de dessins au fusain sur toile. Des œuvres indépendantes, riches chacune d’interprétations multiples, mais qu’il est difficile de ne pas chercher à associer. De même, Anke alterne par vagues « les histoires, les grands dessins sans lien narratif, les séries d’images poétiques, les comics. ». Et puisque l’architecture et l’environnement social la passionnent, elle a rassemblé dans « Die Spaziergängerin » (La passante) des impressions urbaines saisies à Guimarães, à Hambourg, à Tel-Aviv. Suivront Paris, Rome et Berlin. Entre deux vagues de « fantastique. »
Anke Feuchtenberger enseigne toujours à Hambourg – comme son compagnon, l’artiste italien Stefano Ricci. Ils vivent près de la frontière polonaise, « là où les espaces sont vraiment vides ». Ils ont fondé la maison d’édition graphique Mami Verlag, qui publie leurs œuvres et celles de jeunes artistes. Anke travaille actuellement à un récit long qui intégrera son album « Grano Blu » où, déjà, trois histoires s’entrelacent. François Landon

Photos Vernissage​

©Isabelle Lemercier

Œuvres exposées​