Franco Matticchio naît à Varese (Italie) en 1957. Il devient, en 1979, illustrateur au Corriere della Sera. En 1986, l’artiste collabore à Linus, l’ambitieuse revue italienne de BD qui accueille Topor, Arrabal et autres Copi. Parallèlement, il réalise des couvertures et des illustrations, de l’animation — comme le générique remarqué du Monstre, de Roberto Benigni, en 1994. La presse reste son terreau de création favori, car les éditeurs de journaux italiens laissent carte blanche aux dessinateurs.
Mais le personnage reste mystérieux. Secret et solitaire, Matticchio préfère laisser son oeuvre prendre la lumière. « Le magnétisme de l’enfance transparaît autant dans sa production que dans sa personnalité. Dire qu’il est timide serait faux : il se risque totalement dans son travail », explique Cristina Taverna, à la barre des éditions milanaises Nuages et amie proche du dessinateur.
Outre le chat Jones, Matticchio a un second double : Monsieur Aïe — Il Signor Ahi en VO. Un autre petit homme sans épaisseur dont la tête se résume à un énorme globe oculaire. Aïe est aveugle au monde réel – bien sûr pour mieux voir le reste.
À la variété des supports, Matticchio ajoute celle des styles. Il explore les manières sans quitter son univers où drame et drôlerie font bon ménage. Ici, l’amour rêvé se réduit littéralement en poussière, tandis que les hot-dogs vous explosent en plein visage. Les têtes se troquent. Celle d’un matou sur une statue grecque. La femme idéale, longiligne et sculpturale, dotée d’ailes d’ange ou de bottes noires, revient régulièrement. Et, bien sûr, une tendresse inquiétante n’est jamais loin. Regardez La Piccola Fuggitiva, publiée par Nuages en 2009. Une fillette en fuite, maigre, bras levés, ricoche à perdre haleine d’une balançoire à une terrasse, du dos d’un éléphant au fond d’un canyon hanté, des rails d’un TGV à une marelle… Vous ne verrez jamais son visage.
Franco Matticchio vit et travaille toujours dans sa ville d’origine.