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Roland Topor2024-07-15T11:27:54+00:00

Né à Paris le 7 janvier 1938 de parents juifs polonais, Roland Topor meurt dans la même ville le 16 avril 1997. L’artiste a dynamité à grands coups d’humour et de transgression les domaines les plus variés de l’expression artistique : peinture, illustration, dessin de presse, gravure, photographie, sculpture, décors de théâtre, cinéma tout court ou cinéma d’animation, programmes télé, et bien sûr littérature.

Après avoir fui en Savoie avec ses parents pour échapper à l’occupant, il étudie au lycée Jacques-Decourt puis rejoint les Beaux-Arts en 1955. Sa première publication, en couverture de la revue Bizarre, paraît trois ans plus tard.

S’en suivront des collaborations multiples, notamment avec la revue déjantée Hara-Kiri — dont il partagera son tropisme pour l’humour noir.

Topor a mené son oeuvre et sa vie au mépris du conformisme et des conventions commerciales. Il est constamment resté au contact des mondes de l’art et de la culture internationale. Dans le foisonnement de son travail, se lisent des affinités et des références aux mouvements artistiques majeurs du XXe siècle : Dada, Cobra, Fluxus, la peinture gestuelle, le Body Art, le Pop Art. Paradoxalement, aux racines mêmes de son expression, il fait preuve d’une parfaite connaissance du graphisme du XIXe siècle… Le tout, bien sûr, transfiguré par son humour noir et sa passion de la liberté.

«Pour gagner ma vie, je ne dispose que des produits dérivés de ma peur »

Il fait sienne la phrase du philosophe roumain Emil Cioran – « Le réel me donne de l’asthme… » – en poursuivant, « le réel est insupportable sans le jeu… Je ne peux perdre le contact avec le réel, mais pour pouvoir le supporter j’ai besoin de ce jeu abstrait qui me permet de déceler ce qui peut encore être humain. » Pour Topor, le domaine de recherche est donc l’Homme, pétri de toutes ses frustrations. Que le quotidien soit à la fois irréel, hallucinant et absurde devient alors chose normale. Reste à l’artiste à désacraliser son sujet en maniant la perversion du réalisme, la cruauté du vrai, et l’inquiétude de l’ironie.

Nombre de musées internationaux prestigieux ont consacré des expositions à Roland Topor : Stedelijk Museum d’Amsterdam (1975), Centre Pompidou (1976), Stadtmuseum de Munich et Moderna Museet de Stockholm (1984), Palazzo Reale de Milan (1986) ou encore l’Institut Français de Naples (1995), qui fut la dernière exposition présentée de son vivant. Celle du Museo dell’automobile de Turin a suivi en 2001. En 2017, la Bibliothèque Nationale de France lui consacre une rétrospective « Le Monde selon Topor ».

Si le Parisien a publié ses textes et ses dessins dans un nombre étonnant de périodiques, il n’a collaboré au long cours qu’avec deux titres de presse parmi les plus grands, The New York Times et The New Yorker. Parmi ses fréquentes incursions dans d’autres domaines créatifs, il faut absolument citer La planète sauvage, long-métrage d’animation salué par le Prix du Jury au Festival de Cannes 1973, et Le locataire chimérique, roman dont Roman Polanski s’inspirera pour son film Le locataire (1976).

« En soi, écrire ou dessiner est beaucoup moins éloigné qu’on le dit : cela fait partie des possibilités humaines de salir le papier »

Ce fut encore lui qui fournit les dessins de la lanterne magique dans le Casanova de Fellini (1976), et qui signa avec Henri Xhonneaux le film Marquis (1989). Il participa aussi comme acteur au Nosferatu de Werner Herzog (1977), Un amour de Swann de Volker Schlöndorff (1984), et Trois vies et une seule mort de Raoul Ruiz (1995), aux côtés de son vieil ami Marcello Mastroianni.

Roland Topor a été auréolé de plusieurs récompenses au fil de sa carrière : Prix Saint-Michel (1973), Grand prix national des arts graphiques du Ministère de la Culture (1981) ou encore Grand prix de la ville de Paris (1990).

Il laisse derrière lui une oeuvre fascinante et foisonnante, célébrée par la mairie de Paris en 2017, avec un passage à son nom dans le 10e arrondissement.

 

PRESSE

Medium — 2017 : « Quelques notes sur Roland Topor : le rire, l’allergie à la réalité, les raisons de faire les choses »

 

Expositions

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