Rusty Brown Theme Song - Greenberg/Kuramoto/Ware
Même gymnastique pour Mirror, autre film dont la Galerie Martel expose les travaux préparatoires. Ici, la genèse est plus complexe. Chris Ware – toujours accompagné de John Kuramoto, son animateur – l’a conçue en parallèle avec une couverture du New Yorker. Au passage, rappelons les liens historiques de l’artiste avec Art Spiegelman et Françoise Mouly, les deux créateurs de Raw. Cette revue a été la première vraie rampe de lancement de Ware. Puis Mouly est devenue DA du New Yorker et Ware, un régulier de ses couvertures. Donc, celle-ci, intitulée Mirror : face à une glace, une pré-ado et sa maman font des essais de rouge à lèvre. Pour la fille, transportée, c’est une première. Pour la mère, fatiguée, le verdict de l’âge. À cette couverture, le film confère son vrai relief en trois minutes et demie. Une citrouille sculptée date la scène : une veille de Halloween. Puis, juste entre-aperçu, un portrait en plan américain de Hillary Clinton, sourire et veste rouges. Hillary est le modèle choisi par la gamine pour ce déguisement qui lui permet de se maquiller pour la première fois. « Tu es plutôt mieux comme ça », laisse échapper la mère – se mordant aussitôt les lèvres. Sa gaffe cruelle la renvoie à sa propre enfance et à son statut ancien de vilain petit canard. Elle analysera la séquence sur le divan de son psy. Le film Mirror, avec son jeu de miroirs, de fenêtres, de tableaux, de pans de murs coulissant comme des décors de théâtre pour occulter la vision du spectateur, avec son choc sourd des âges où l’éblouissement de l’une conditionne le naufrage de l’autre, avec son évocation fine du travail analytique, fouille comme toujours la nostalgie graphique de Ware. Mais cette fois, le dynamisme et la profondeur visuelle en plus.

The New Yorker - Mirror
by Chris Ware
Dans un article titré sans ironie « Le lettreur le plus intelligent du monde », le trimestriel graphique anglais Eye Magazine relève ces propos de Ware : « Mes cartoons tiennent moins du dessin que de la typographie. C’est une sorte de ‘lettrage en image’. Voilà pourquoi, à mon avis, certains lecteurs les trouvent assez dénués d’émotion pour les détester. » Le dessin réalisé par Ware pour l’affiche d’Angoulême 2022 – il est exposé en version XXL à la Galerie Martel – en fournit le meilleur exemple. Son Mickey Mouse en forme de gélule, qui se penche peut-être sur une rotative invisible et sur une double planche d’album, est à la fois spectateur, auteur et personnage de sa propre aventure. Cette affiche est à la fois un dessin et une histoire. Ici, Ware opère le prodige de concentrer et de diffracter en même temps son univers. Les triangle jaune, carré rouge et rond bleu rendent hommage à Kandinsky et au Bauhaus. Les rêves du Mickey s’emboîtent, comme plus loin s’emboîtent un décor mâle et sa partie femelle. Les cases vides sont des gouffres défiant la géométrie euclidienne. Toute cette folie cohérente s’engrène comme les rouages d’une montre à complications. Du pur design graphique ? Sans aucun doute. Sans émotion ? Voyez donc Minnie avec sa jupette en trapèze rouge, les rêveries d’amour et d’enfants qu’elle inspire à Mickey, les larmes calibrées de celui-ci, ou cet obscure tuerie à la batte dont le meurtrier et la victime demeurent flous.

Affiche du Festival de la Bande Dessinée d'Angoulême 2022 - Chris Ware
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