Brecht Evens - Paris
Du 4 mai au 2 juillet 2016
A propos
Avec ce Travel Book publié chez Louis Vuitton, c’est la troisième fois que Brecht Evens accroche ses originaux aux cimaises de la Galerie Martel. Pas de récit, bien sûr, pour ce portrait de Paris, ville où l’artiste réside depuis trois ans. Mais le regard décalé et la dynamique de la couleur qui ont fait la jeune réputation de Brecht Evens, een Vlaming in Parijs – un Flamand à Paris.« Plus j’avançais dans mon travail et plus je m’amusais. N’être pas tenu de raconter une histoire a un avantage. On peut donner ce livre à un ami sans lui demander ensuite, ‘alors, que penses-tu de mon âme ?’ » Brecht Evens exagère un peu. Son âme est présente dans ces pages à l’italienne. On connaît le principe de la collection : un artiste, une ville, un livre (muet). L’éditeur attend la mise en scène de grands totems ? Envoyé portraiturer le Palais de Chaillot, Brecht Evens a poussé son exploration plus loin, pour croquer deux parasols nocturnes sur une terrasse de la place Victor-Hugo. Il a découvert peu à peu des endroits hors de ces 11ème et 20ème arrondissements qu’il arpente de préférence. « Ce qui m’a plu, c’est de travailler en face de mon sujet avec ma feuille et ma petite boîte d’aquarelle. Je n’aime pas peindre d’après photo et je n’en ai pris qu’au Louvre, pour respecter la disposition des toiles ornant les murs. Et passage des Panoramas, pour compacter des devantures et des enseignes. » Devant l’Opéra, un ancien prof de dessin lui a fait remarquer l’hérésie – ou la fantaisie – de ses couleurs. Il est vrai que Brecht a illuminé façon église russe le Palais Garnier, comme Notre-Dame et le Sacré-Cœur.
Des pages éclatantes de lumière alternent donc avec d’autres, nocturnes, percées de phares ou de réverbères. Des personnages multicolores, enlevés comme des croquis de mode, et des dessins au trait tirés d’un carnet de croquis, allègent l’ensemble. Comme saisis par une longue pause photographique, les personnages fantomatiques laissent passer la lumière et les détails des monuments. Ils sont fugaces, alors que l’architecture demeure. Et l’artiste n’a pu s’empêcher de glisser dans l’ouvrage deux ou trois strips muets. Comme des vidéos qui jailliraient d’un album de photos.
La rue du Château d’eau – artère populaire et vivante où Evens a habité – a droit aussi aux honneurs de la gouache, de l’écoline ou de l’aquarelle. C’est le quartier des salons de coiffure africains, dont les rabatteurs hèlent les clientes potentielles. « Sur mon bloc j’ai tracé la chaussée, et de chaque côté les façades couchées à plat. Je leur ai demandé de dessiner des personnages », explique Brecht. « Ça m’a plu. » Pour faire bonne mesure, la chic rue du Faubourg Saint-Honoré a subi le même traitement. « Cette restitution du réel n’a rien de gratuit », commente Brecht Evens. « Il s’agit d’un schéma d’où l’inutile a disparu. C’est l’intérêt du dessin. »
© François Landon
Photos
© Isabelle Lemercier
Œuvres exposées
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