Née le 27 décembre 1973 à Welland (Canada) bien que d’origine serbe, Nina Bunjevac grandit en Yougoslavie, où elle débute son éducation artistique. En 1990, alors qu’un conflit d’ampleur couve dans la région, elle retourne au Canada pour y poursuivre ses études de graphisme. Elle s’essaie d’abord au graphisme, notamment au Centre d’art de l’école technique de Toronto, puis au département de dessin et de peinture de l’OCAD, l’institution d’enseignement supérieur la plus ancienne du Canada dans le domaine de l’art et du design.
Après une décennie consacrée aux beaux-arts, elle se découvre une passion pour les arts narratifs par le truchement d’installations à base de sculptures. Mais c’est finalement à travers passion d’enfance, la bande dessinée, qu’elle laisse éclore son talent brut. Elle publie des premières bandes dessinées en 2004.
En 2013 paraît son premier livre, Heartless (Éd. Ici même), réunissant sept contes noirs et mordants. Par la voix de personnages exclusivement féminins, l’autrice aborde pêle-mêle les questions migratoires, nationalistes et d’aliénation urbaine. Ce premier ouvrage remarqué lui vaut alors le Prix Doug Wright dans la catégorie Meilleurs débuts.
Son deuxième livre, Fatherland (Éd. Ici même, 2014), reçoit les éloges de la critique internationale – le New York Times le place dans sa liste des meilleurs titres de l’année. Avec son roman graphique Bezimena (Éd. Ici même, 2018), elle reçoit le prix Artemisia dans la catégorie Meilleur dessin et figure parmi toutes les sélections internationales.
« Ma grand-mère m’a préparée, sans le savoir, à devenir autrice de bande dessinée »
Bezimena, 2017
encre sur papier
28 x 35,5 cm
Parmi ses inspirations premières, l’on peut citer Charles Burns ainsi que Art Spiegelman. « Sans toi, il n’y aurait pas de Joe Sacco, pas de Marjane Satrapi, pas de moi… C’est toi qui nous as ouvert la voie », a-t-elle avoué au second lors de leur première rencontre.
Sa grand-mère maternelle a également joué un rôle-clé dans sa trajectoire artistique. « [Elle] m’a vraiment encouragée à dessiner et à raconter des histoires. Elle me racontait ses souvenirs de la guerre et je les transcrivais. Je crois qu’elle m’a préparé, sans le savoir, à devenir autrice de bande dessinée. »
En 2022 paraît La Réparation (Les Éditions Martin de Halleux), récit muet intime et introspectif, où l’autrice revient sur les violences intrafamiliales subies durant son enfance en Serbie. « J’ai plongé mon cœur et mon âme dans ce projet qui est l’histoire la plus personnelle que je n’ai jamais racontée », confie-t-elle.
L’ouvrage remporte l’année suivante le prix Artemisia dans la catégorie Résilience.
Les bandes dessinées de Nina Bunjevac ont été publiées au Canada et à l’étranger dans de nombreuses revues et anthologies, comme The National Post, Le Monde diplomatique, ArtReview et Best American Comics. Son œuvre a fait l’objet de multiples expositions au Canada et à l’international.
L’artiste vit aujourd’hui à Toronto, où elle enseigne et poursuit ses créations en bande dessinée et autres illustrations.
Du 29 mai au 4 novembre 2024, plusieurs de ses oeuvres sont exposées au Centre Pompidou, à Paris, dans le cadre de la grande exposition La BD à tous les étages.
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BIBLIOGRAPHIE
2023 — Tarot (Gallimard BD)
2022 — La Réparation (Les Éditions Martin de Halleux)
2018 — Bezimena (Ici Même)
2014 — Fatherland (Ici même)
2013 — Heartless (Ici même)
RÉCOMPENSES
2023 — Prix Artemisia (France) pour La Réparation
2020 — Prix Doug Wright (Canada) pour Bezimena
2020 — Prix Joe-Shuster (Canada) pour Benzimena
2019 — Prix Artemisia (France) pour Bezimena
2019 — Prix du Jury au Lucca Comics and Games (Italie) pour Bezimena
2015 — Prix Doug Wright (Canada) pour Fatherland
2013 — Prix Doug Wright (Canada) pour Heartless
EXPOSITIONS
2024 — « La BD à tous les étages », Centre Pompidou (France)
2014 — « Out of the Fatherland », Art Gallery of Ontario (Canada)
PRESSE
France
L’Humanité — août 2023 : La Réparation de Nina Bunjevac, 25 images de la vie d’une femme
Libération — octobre 2022 : La Réparation, souvenirs d’offense
Causette — octobre 2022 : Une enfance violente avec La Réparation de Nina Bunjevac
ActuaBD — octobre 2022 : La banlieue demande Réparation, la collection « 25 images » des Éditions Martin de Halleux s’agrandit
Beware Magazine — février 2022 : Nina Bunjevac, une illustratrice qui maîtrise la BD en tout point
Benzine — avril 2019 : Bezimena : dans la peau du grand méchant loup
Bodoï — février 2019 : Nina Bunjevac : dans les yeux d’un violeur
Neuvième Art — novembre 2018 : Dans l’atelier de Nina Bunjevac
Libération — mars 2015 : «Fatherland», un nerf de famille
Télérama — janvier 2015 : Fatherland (Critique)
ActuaBD — mai 2013 : Heartless – Par Nina Bunjevac
International
Science Fiction Research Association (États-Unis) — juillet 2020 : Review of Bunjevac’s Bezimena
Solrad (États-Unis) — mars 2020 : The Gordian Knot Of Darkness: Nina Bunjevac’s Bezimena
NPR (États-Unis) — mai 2019 : Black And White ‘Bezimena’ Is Colored By Trauma And Yearning
Stripburger (Slovénie) — juin 2016 : “When you deal with topics such as radicalism, politics and history, there is no place for sentimentalism.”
The New York Times (États-Unis) — février 2015 : ‘Fatherland,’ by Nina Bunjevac
The Washington Post (États-Unis) — octobre 2014 : Best American Comics 2014
The Guardian (Royaume-Uni) — septembre 2014 : Fatherland review – an absorbing account of a Serbian fanatic